Éloïse, enceinte de neuf mois et submergée par un puissant instinct de nidification, voyait sa patience mise à rude épreuve par Tom, son mari. Malgré ses multiples rappels et encouragements, le berceau destiné à leur futur bébé restait obstinément enfermé dans son carton. Ce berceau, symbole d’une procrastination incessante de la part de Tom, devenait pour Éloïse le reflet de sa solitude croissante. À l’approche de l’accouchement, elle comprit qu’elle devait agir pour marquer les esprits et rappeler à Tom ce qu’était un véritable partenariat.
Assise dans le fauteuil de la chambre du bébé, Éloïse fixait ce carton avec un mélange de frustration et de tristesse. La pièce était presque parfaite, tout était prêt… sauf ce berceau qui semblait lui lancer un défi muet. Chaque fois qu’elle demandait à Tom de s’en occuper, sa réponse ne variait jamais : « Je m’en occupe demain. » Mais ce fameux « demain » ne venait jamais, la laissant face à un sentiment d’abandon.
Pour Tom, ce n’était qu’une tâche parmi tant d’autres, mais pour Éloïse, ce berceau représentait bien plus : une préparation symbolique pour leur nouvelle vie de parents et la promesse d’une équipe soudée. Plus les jours passaient, plus elle se demandait si elle pouvait vraiment compter sur lui dans les moments cruciaux.
Une décision audacieuse
Exaspérée, Éloïse décida de prendre les choses en main. Ignorant sa fatigue et les protestations de son corps, elle traîna seule la lourde boîte jusqu’au centre de la pièce. Chaque mouvement provoquait une douleur lancinante dans son dos, chaque coup du bébé dans son ventre semblait lui rappeler qu’elle dépassait ses limites. Mais elle n’avait plus le choix.
Les instructions, compliquées et mal rédigées, ne l’aidèrent guère. Pourtant, elle persévéra, avançant pièce par pièce, vis après vis, ses mains tremblantes d’effort. Alors qu’elle luttait avec une partie particulièrement difficile, Tom entra dans la pièce. Avec son air nonchalant et ce sourire détendu qui autrefois la faisait fondre, il déclara :
« Pas mal. Pourquoi tu m’as demandé de t’aider si tu pouvais le faire toi-même ? »
Éloïse, abasourdie, resta silencieuse. Ces mots étaient-ils vraiment sortis de sa bouche ? L’envie de crier monta en elle, mais elle se retint. Elle préféra se tourner vers le berceau, laissant des larmes silencieuses couler sur ses joues.
Après un moment d’hésitation, Tom haussa les épaules et quitta la pièce, la laissant terminer seule ce qui aurait dû être leur projet commun. Quand elle eut enfin fini, elle s’effondra, vidée de toute énergie, contemplant ce berceau qui aurait dû symboliser leur unité.
Un plan pour tout changer
Cette nuit-là, allongée dans le lit à côté de Tom, Éloïse rumina ses pensées. Ce n’était pas simplement une question de meuble à assembler, mais bien d’un partenariat qu’elle avait espéré et qui lui échappait. Elle savait qu’il fallait un changement, une prise de conscience.
Le lendemain matin, elle se réveilla avec une idée bien précise. Elle n’était pas du genre à chercher la vengeance, mais il était temps que Tom comprenne ce qu’elle ressentait.
« Tom, » dit-elle en simulant un air épuisé, « je pense que je vais prendre une journée pour me reposer. Je suis exténuée ces derniers temps. »
Tom, absorbé par son téléphone, répondit distraitement : « Bien sûr, repose-toi. Je gère tout. »
C’était exactement ce qu’elle attendait.
« Au fait, j’ai invité quelques amis et membres de la famille demain pour une petite fête avant l’arrivée du bébé. Tu pourrais t’occuper des préparatifs ? Acheter un gâteau, installer les décorations, faire en sorte que tout soit parfait ? »
« Aucun problème, c’est pas compliqué, » répondit-il avec assurance.
Éloïse réprima un sourire en pensant à ce qui l’attendait.
Une journée chaotique
Le lendemain, Tom se réveilla un peu tard et trouva une liste de tâches à accomplir. Tout semblait simple au premier abord, mais il n’y avait pas assez de temps pour tout faire correctement.
Alors qu’il s’activait dans la cuisine, Éloïse l’entendit murmurer des jurons en cherchant des ingrédients ou en essayant de rattraper une commande de gâteau oubliée. À un moment, il apparut dans l’embrasure de la porte, les cheveux en bataille et l’air paniqué.
« Où sont les banderoles ? » demanda-t-il d’une voix tendue.
« Dans le placard du couloir, » répondit-elle calmement.
Elle savait très bien que les banderoles étaient enfouies dans un carton au sous-sol, mais elle le laissa se débrouiller.
Quand les invités commencèrent à arriver, Tom ressemblait à un homme dépassé. Les décorations étaient maladroitement installées, la nourriture incomplète, et il courait dans tous les sens pour sauver les apparences. Sa mère, en entrant, jeta un regard critique sur la scène.
« Tom, tu aurais dû mieux préparer ça, » dit-elle, visiblement agacée.
Le visage de Tom reflétait à la fois la honte et l’épuisement. Éloïse, depuis le canapé, observait en silence, feignant de lire un magazine.
Une prise de conscience
Après la fête, alors que le calme était revenu, Tom s’assit en face d’elle, abattu.
« Je suis désolé, » murmura-t-il. « Je n’avais pas réalisé à quel point je te laissais tout gérer. Je pensais aider, mais je comprends maintenant que je n’étais pas vraiment là. »
Éloïse hocha lentement la tête, l’émotion serrant sa gorge.
« Tom, j’ai besoin de toi. Pas juste pour les grandes choses, mais pour tout. Je ne peux pas tout porter seule. »
Il prit sa main dans la sienne. « Je te promets que ça va changer. Je serai là, vraiment. »
Elle plongea son regard dans le sien, cherchant une sincérité qu’elle trouva enfin. « C’est ta chance, Tom. Ne la gâche pas. »
Ce jour-là, ils comprirent que ce n’était pas qu’une question de berceau, mais de construire ensemble un foyer, une famille, et une vie.
Mon mari ayant refusé de monter le lit du bébé, j’ai pris les choses en main et l’ai fait moi-même malgré mes neuf mois de grossesse, mais la leçon que je lui ai donnée a été mémorable.
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